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2025 : l’actu Linux en bref

GNU/Linux est un système d’exploitation en constante évolution, grâce à une communauté active de développeurs. Son modèle de développement ouvert, permetttant à quiconque de contribuer au code source, favorise l’innovation.

Voici quelques grands chantiers en 2025.

1. Du code Rust dans le noyau Linux

Le noyau Linux, écrit en C, s’ouvre à du code Rust. Rust est un langage de programmation qui ajoute des contraintes aux développeurs, dans le but de réduire les erreurs de programmation. Conséquence : Rust génère des applications plus sûres.

Introduire un second langage de programmation n’est ni anodin, ni simple. Cela suscite des débats (parfois houleux) entre les développeurs du noyau. Mais pour l’utilisateur final, cela est imperceptible.

2. Rust Coreutils

Ce projet vise à réécrire complètement les commandes de base de GNU (comme cp, mv, ls, etc.) en Rust. Initialement écrites en C au début des années 1970, leur code est devenu au fil du temps difficile à maintenir. Les réécrire donne l’occasion de rajeunir le code, et le langage Rust permet de bénéficier des dernières avancées en matière de développement logiciel. Il permet aussi d’accroitre leur fiabilité, car Rust est reconnu pour sa faculté à prévenir de nombreuses types d’erreurs courantes en programmation, comme les débordements et les fuites de mémoire.

Malgré son ampleur, ce projet a peu d’impact sur l’utilisateur et même sur l’administrateur Unix, car l’utilisation des nouvelles commandes est identique aux originaux.

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A retenir

les outils GNU sont en cours de réécriture, mais on ne s’en rend pas vraiment compte dans la vie de tous les jours.

3. Wayland

XWindow est le système de fenêtrage historique d’Unix, sur lequel s’appuient tous les desktops et toutes les applicatons graphiques. Ce système sophistiqué se compose de clients et de serveurs d’affichage, et d’un protocole de communication (X11) permettant des choses qu’un utilisateur de Microsoft Windows n’imagine même pas. Par exemple, une application graphique peut ouvrir des fenêtres non seulement en local, mais aussi sur l’écran d’un système distant. Et inversement, il est possible d’exécuter une commande distante qui ouvre une fenêtre localement.

L’implémentation de X11 sur Linux est Xorg.

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Mais ce système est complexe, accuse de problèmes de sécurité, et a des difficultés à s’adapter aux technologies modernes (comme les écrans haute résolution, les écrans tactiles, etc.).

Hogsberg

Initié en 2008 par Kristian Høgsberg (RedHat), Wayland vise à remplacer XWindow, avec pour objectif de simplifier et sécuriser cette couche logicielle. Wayland est en cours d’adoption par de nombreux desktops.

Dans la galaxie Unix BSD, il existe quelques résistances à l’adoption de Wayland (souvent pour des raisons de compatibilité). Côté Linux, l’adoption est plus rapide. Certains environnements de bureau (par exemple KDE Plasma) se déclinent même en une version X11 et une version Wayland.

A retenir

XWindow, X11 et Xorg sont sur le déclin. Wayland est voué à les remplacer.

4. BtrFS

BtrFS (prononcé Butter FS) est un système de fichiers récent pour Linux, conçu pour lever les limitations des systèmes de fichiers plus anciens comme ext4. Il offre de nombreuses fonctionnalités avancées pour la gestion du stockage. Il est inspiré de ZFS, le système de fichiers inovant créé par Sun au début des années 2000.

Bien que ZFS ait été unanimement plébicité par les administrateurs Unix, les problèmes de licence d’utilisation apparus après le rachat de SUN par Oracle en 2009 ont noici le tableau.

BtrFS construit un file system sur un ensemble de disques, qui peuvent être, au cas par cas, remplacés lors de panne, sans perte de données. Grace à la compression et à la déduplication, BtrFS optimise l’espace occupé. Grace aux snapshots, il permet de créer instantanément des points de reprise, et d’y revenir tout aussi instantanément.

BtrFS est le système de fichiers des NAS Synology. C’est aussi le système de fichiers par défaut actuellement sur Fedora.

5. systemd

systemd est à l’origine d’une transformation majeure et profonde de l’architecture d’Unix System V. A lui seul, il chamboule le fonctionnement du système GNU/Linux, en changeant la manière de booter, de gèrer les services, de journaliser les évènements, de planifier les tâches, etc. Il apporte quantité d’améliorations significatives dont l’unification de la gestion de nombreuses facettes du système, tels que les services, les montages (qui n’utilisent plus fstab), les timers (qui remplacent cron), la journalisation (qui remplace syslog), etc. Il accélère les exécutions en exploitant les possibilités des processeurs multi-coeurs actuels en parallélisant les tâches.

Poettering

Initié en 2010 par Lennart Poettering (RedHat), l’objectif initial du projet était de créer un système d’initialisation plus moderne, plus performant et plus flexible. Aujourd’hui, systemd gangrène tout le système.

Les Unix BSD ont choisi de ne pas utiliser systemd (choix mûrement réfléchi). Au fil du temps, ils ont développé leurs propres outils et méthodes de gestion des systèmes, qui sont bien rodés et adaptés à leurs besoins. Ils conservent une philosophie Unix traditionnel, privilégiant la simplicité, la modularité et la stabilité.

Côté Linux, et malgré les polémiques, systemd est devenu aujourd’hui le standard dans la plupart des distributions. Mais cela a donné matière à débat. Par exemple, l’adoption de systemd par Debian n’a pas été immédiate. Le sujet a provoqué d’importantes controverses au sein de la communauté.

A retenir

Si pour l’utilisateur, systemd passe à peu près inaperçu, pour l’administrateur, c’est un séisme.

6. Plan 9 (au-delà d’Unix)

Plan 9 est un système d’exploitation expérimental, dans la lignée d’Unix, développé aux Bell Labs par les mêmes (Rob Pike, Ken Thompson, Dennis Ritchie, etc.). Depuis 2003, Plan 9 est distribué sous licence libre.